18 déc. 2016

Féminisation du milieu équestre, polémiques sur les ficelles, Ethologie équine...

Tiens ce soir j'ai encore vu une photo de cheval avec des ficelles...
Ma jument longée en Pessoa

C'est quoi des ficelles ? Des enrênements si vous préférez. Et là la polémique redémarre ! Bon le cheval avait une martingale à anneaux ET des rênes coulissantes. Petit mélange que certains professionnels utilisent avec les chevaux. Bon sur la photo, les rênes étaient relâchées donc pas de contraintes réelles, c'était plutôt psychologique là.

Mais qu'est ce qui peut faire monter les réseaux sociaux en mayonnaise dés qu'ils voient une photo qui ne plait pas ? Est-ce parce que nos connaissances en équitation et en psychologie équine ont été améliorées par l'avènement des comportementalistes équins ? Ou parce que la gente féminine est en force dans les clubs hippiques ? 

Faut-il rappeler qu'avant, le cheval faisait parti des bêtes de somme, qu'il était un animal de travail et aussi un militaire ? Et que si je reprends les ouvrages des anciens, Kikkuli en tête, il n'en était pas moins bien traité bien que pas aussi câliné et chouchouté que maintenant.

Seulement, j'ai des scrupules à parler d'équitation avec certains car c'est vite l'emportement et on ne sait jamais jusqu’où ça peut aller.

Parler de sport hippique ou équestre ou même le fait de monter à cheval fait sauter en l'air certains, qui estiment que ce sera un sport lorsque ce sera le cavalier qui portera le cheval !

J'ai donc recherché un peu de documentation vite fait sur ce phénomène nouveau et je m'aperçois qu'il a pris une réelle ampleur.

Certaines associations (plus ou moins remises en question pour certaines) militent pour un arrêt pur et dur des sports équestres d'ailleurs, surement à cause du harnachement et des éperons et la cravache  que nous "utilisons". Peut-être faut-il voir là, la véritable raison de la fameuse "blood rules " de la FEI pour contrer le problème ? 

D'après certains ethnologues, la démocratisation (pour certains la massification comme Jean-Pierre Digard) aurait accélérer l'orientation du cheval "animal de rente" vers le cheval "animal de compagnie".
C'est d'ailleurs étonnant car ce virage opéré par le peuple équitant est arrivé en même temps que la féminisation dans les clubs équestres et si je me réfère à l'émission "Le cheval au féminin" vu sur #Equidia, ce nouveau peuple "cavalier" modifie énormément la donne dans ce milieu. Le documentaire faisait des parallèles avec la société d'ailleurs, du moins en France.

Si je devais remonter en France, il est possible que je serais confrontée à des idées différentes que celles de mes anciens instructeurs, mais comme ce n'est pas au programme, peu de risque que je me retrouve à courir et à sauter à coté d'un cheval de 500 kgs avec tous les risques que là je n'accepterai pas.

J'aime apprendre à mener et "manier" mon cheval en main pour ma sécurité, la sienne et celles des autres, mais faire de l'agility avec un animal dont les réactions et la psychologie inclut des peurs primales inscrites dans ses gènes depuis la préhistoire et qui est considéré depuis la nuit des temps comme une proie par tous les carnivores que portent cette terre, et sachant combien les sabots d'un cheval peuvent faire de dégâts sur un crâne même casqué, ou dans une jambe, est une option qui ne m'intéresse pas. A cheval les risques de chutes sont là, mais on lui demande quelque chose pour lequel il a été sélectionné depuis quelques siècles, on peut intervenir si ça se passe mal, voir arrêter le travail et remettre à demain pour éviter le conflit. Le risque 0 n'existe pas mais pour avoir fait sauter un cheval en liberté il est plus difficile de l'arrêter quand il chauffe et qu'il saute la barre qu'on est en train de lever, alors qu'en selle on peut intervenir sur l'allure, sur la direction et les deux en même temps.

La monte dite naturelle que je visionne parfois sur Youtube est très jolie quand elle est faite par un professionnel du spectacle équestre, quand c'est une gamine (non pardon une adolescente, ah non c'est vrai il ne faut pas dire ça non plus) une jeune femme de 14 ans qui fait ça dans un champs avec des bouts de bois et des chaises, j'ai mon cœur qui se serre. Les faits divers sont remplis à certaines périodes de crânes fracassés pour être montée sans casque, sans selle, sans filet sur doudou le long de la route. Malheureusement la plupart du temps ce sont  les mêmes qui décrient les pros du jumping, du dressage et du complet et comble du malheur, veulent donner des conseils aux autres.

En France du moins on a le droit régulièrement à cela. ça fait peur !

Je n'ai rien contre le fait de monter à cru, je l'ai fait mais sous certaines conditions et surement pas sans casque sur le bitume. Casse-cou, oui, mais pas kamikaze. Et si sur une de mes photos je suis nue tête, ce n'est pas galop plein cul,  j'ai ma selle et d'ailleurs ce jour là je n'ai pas galopé. ça n'aurait pas empêcher de tomber et de me fracasser et ça aurait été pour ma poire. Mais j'ai pas 14 ans, j'en ai 40 bien sonnés.

Il n'y a pas longtemps j'ai redemandé à un conseil pluridisciplinaire si je pouvais remonter. Ils ont refusé en bloc estimant que leur CAS risquait de tomber, et une des infirmière de me conseiller ce que j'appelle l'agility pour cheval. Je lui ai dit que c'était encore pire que de monter et de sauter, et que visiblement elle ne connaissait rien aux chevaux si ce n'est que d'avoir vu cette discipline de très loin. Je ne critique pas, mais je n'aime pas. Et je trouve ça dangereux encore plus que de monter.

Churchill disait " le cheval est dangereux devant, dangereux derrière et inconfortable en son milieu !" Je préfère donc le milieu. 

Ce que je n'ai pas compris dans tout ça, c'est que sur une photo anodine, il y ait un défouloir systématique, alors que dans la réalité peut importe la discipline, il y a des moments ou la maltraitance volontaire ou involontaire se fera, soit parce que le cheval va refuser d'obéir et qu'il y a une obligation de résultat ( c'est arrivé ) ou par méconnaissance. Le risque 0 n'existe en rien.  Sauf pour celui qui dort chez lui et encore il loupera peut-être sa journée.
Croire que tout se passe en douceur et en totale compréhension avec un animal qui n'a pas les mêmes objectifs que vous ni en terme de vie de tous les jours, ni en terme d'objectifs sportifs, de médailles ou autres trophées est une hérésie. Je me marre quand j'entends que le cheval aime ce qu'il fait (sauter, danser sur commande) Il le fait parce qu'il est conditionné pour ça, et encore certains chevaux finissent par en avoir marre et ne plus vouloir jouer. Même si l'élevage a sélectionné les meilleurs et les moins difficiles à mettre dans le moule, un cheval c'est tout de même jusqu'à 1000 kgs voir plus de muscles d'os ... Qui a son propre mental. Même le plus gentil cheval peut avoir une réaction incontrôlable à cause de la peur, de la souffrance ou d'une situation inhabituelle.

Sans vouloir donner le bâton à quiconque pour me faire rosser, les anciens ont écrit bien avant l’avènement de ce qu'on appelle les chuchoteurs, et lire leurs ouvrages n'est pas mauvais. On n'y parle pas de coercition, on y parle aussi de la psychologie à envisager face à un cheval, les mors ne sont pas tous des instruments de tortures, les enrênements peuvent aider à pallier un défaut temporairement dans le but de remettre en place ce qui ne va pas tout comme aller chez le médecin nous permets de soulager une souffrance. Voir derrière chaque ficelle un objet de torture parce que le cavalier est un sauvage, et le cheval son malheureux esclave c'est avoir une idée fausse de l'art équestre. Et mal en connaitre ses grands maitres.

Croyez vous que les chevaux ne soient pas capables de se rebeller ? C'est mal connaitre l'esprit équin. J'ai entendu un jour l'histoire d'un mauvais cocher qui frappait son cheval pourtant une crème de cheval tous les jours que dieu fasse. Un jour l'homme, plus saoul que d'habitude bat le cheval, mais tombe dans la stalle. L'animal  l'a piétiné et malgré les autres ouvriers venus prêter main forte pour sortir le cheval de la stalle et emmener le cocher, il n'ont pu empêcher le cheval d'étouffer et de piétiner son bourreau. Un cheval n'oublie ni les mauvais traitements ni les bons d'ailleurs. il est capable de vous sauver la mise, même malgré vous ou de vous laisser en plan.

Donc voir de la maltraitance partout dés qu'il y a un mors ou des éperons est un concept que je trouve déplacé. D'abord parce que le matériel a évolué, on aide beaucoup plus le cheval dans sa performance les matériaux sont plus légers, plus souple, plus absorbants, les mors sont anatomiques et avec des matériaux plus doux (résine, cuir) et les cavaliers utilisent des méthodes qui prennent en comptent la psychologie équine, les chevaux ont des balnéothérapies, des thalassothérapies, de produits et des instruments pour soigner la moindre douleur, le dopage est combattu par tous les moyens, les chevaux sont énormément entourés.

En club me direz vous ? Il y a surement des abus car malheureusement comme dans tous les univers il y a le bon et l'ivraie. Malheureusement les rumeurs ne sont pas toujours vérifiables.

La vraie raison de ce texte c'est de dire que ce n'est pas sur une photo ou une vidéo trop courte que vous pouvez vous baser pour dénoncer de la maltraitance, parfois un geste malheureux peut avoir des conséquences très lourdes quand il est mal interprété. Croire aussi n'importe qui sur la base de rumeurs  alors qu'on a rien vu, est tout aussi mal venu.

Partager une photo de cheval enrêné ou au travail sur un réseau social ne doit amener systématiquement de l'huile sur le feu, or c'est devenu un peu trop systématique. C'est dommage.


Liens feuilletés :  




Un lien qui pourra intéresser ceux qui se penchent sur le phénomène de la féminisation du milieu équestre : https://fr.wikipedia.org/wiki/Place_des_femmes_dans_l%27%C3%A9quitation

Soyons sans équivoque, contrairement à ce que certains sous entendent, je ne part pas sur le principe vite établi, que ce sont les femmes qui  : "civiliseront, peut-être, le rapport au cheval au point de rendre odieuse l’idée de l’exploitation d’un animal aux seules fins du plaisir de celui qui le monte. "  ( Catherine Tourre-Malen) (https://fr.wikipedia.org/wiki/Place_des_femmes_dans_l%27%C3%A9quitation

Ce qui d'ailleurs fait réagir d'autres sommités sur la disparition du cheval à moyen ou long terme tel qu'on le connait. (voir les liens cités).

Je dirais pour finir qu'en tant que femme, je trouve certains propos tout à fait réducteurs puisque les femmes peuvent prouver qu'elles sont à égalité au haut-niveau : oui ou non, notre meilleure Française, n'est elle pas médaillée d'or olympique de CSO avec ses collègues cavaliers ?
Je ne pense pas que les cavalières professionnelles souhaitent voir le cheval disparaitre comme on le sous-entend.

Alors certes avec les ficelles, les mors et les éperons, nous passons pour des méchants auprès de ceux qui nous voient comme ça, mais je pense que le meilleur moyen de ne pas envenimer la situation vis à vis de cette situation est de prouver le contraire à ceux qui pensent que nous ne voyons qu'une façon de dominer par la force.

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