18 déc. 2016

Complicité cavalier-cheval ? Qu'est-ce ? [humeur du Jour]

(Désolée pour cet article qui est un peu long, mais certains sujets  demande parfois une introspection et  celui-ci n'est pas qu'une réflexion  je comprendrai qu'il y en ai qui ne souhaitent pas le lire.) 


 Comment définir la complicité dans le duo "cheval-humain" ? Le cheval et l'humain ont-ils décidé de marcher d'un commun accord ensemble ? Le cheval laissant à l'Homme, les choix et les chemins à prendre ?

Soyons réalistes, le cheval n'a jamais demandé à être sanglé, un morceau de métal dans la bouche, pour aller travailler. De proie, il est passé par le statut d'animal de rente, de travail, de guerre (malheureusement associé à la folie des hommes, il y paye un lourd tribut), puis de sport et de loisir, il accepte d'être mené par l'Homme.

Comme le chien, a t'il accepté la domestication contre la protection d'un toit, ou d'un enclos et l'assurance d'avoir de la nourriture et de l'eau à tous ses repas, contre un labeur ?  Comment cet animal de plus de 500 kgs accepte t'il de suivre l'être humain dans ses pérégrinations depuis des millénaires ? 


En lisant l'actualité, j'ai vu qu'il y avait eu encore un accident sur une course d'endurance au moyen -orient. Pourquoi j'insiste sur le mot encore ? Parce que malheureusement depuis des années en endurance, on a beaucoup de mauvaises nouvelles qui touchent les chevaux d'endurance dans cette région du globe. Le problème est suffisamment ennuyeux pour que les institutions fassent le nécessaire mais il semble que malgré cela la mauvaise " magie " frappe. Mais pourquoi même lorsque le cheval ressent  qu'il y a un évènement qui ne va pas bien se passer, il continue son effort jusqu'à en mourir ? Par sens du devoir envers son " maitre " ? Par crainte du bâton ?

En club, j'ai pu observer le phénomène suivant : lorsque vous vous pointez devant le box du cheval avec votre harnachement, celui-ci qui avait la tête tournée vers vous 10 min avant, a tourné ses fesses vers la porte et vous regarde, ce qu'on pourrait prendre, nous humains et surtout débutant comme un défi de passer les postérieurs pour aller chercher la tête... Le même cheval va sortir la tête du box avant même d'entendre la brouette de granulé 5 à 10 minutes avant le passage de cette dernière. Réflexe de Pavlov ? 

Pour ce qui est d'un fait encore plus étonnant : selon un grand comportementaliste équin (chuchoteur) le cheval ne pense pas à quelque chose comme nous l'entendons. A savoir qu'il ne le ferait pas exprès pour nous ennuyer...  Pourtant certaines expériences pourraient faire penser le contraire. Comme le cheval qui boite bas en sortant du box puis sous la selle au pas et au trot, et lâcher au paddock, il caracole la queue sur dos en ronflant. Mis à part si la selle lui cause une vraie douleur, n'est ce pas une façon de se débarrasser d'une séance de travail ? 

Pourtant sur un autre point quand j'entends certains cavaliers même pros, dire que leur cheval aime sauter ou aime travailler, je me demande si on ne fait pas un peu d’anthropomorphisme aussi. On peut parfois entendre que le cheval " aime ce qu'il fait " ou qu'il " aime sauter ". Je ne sais pas pour vous, mais je me suis toujours demandée si c'était vraiment le cas. On sait que le cheval a été sélectionné pour faire des activités et donc qu'on a modifié son comportement et ses aptitudes pour obtenir des races capables de sauter haut, d'avoir des mouvements plus stylisés que ceux de la nature, d'avoir une capacité de tirer des charges... Le tout en étant le plus docile et le plus performant possible.

Mais qu'en est-il de ses envies de cheval ? Celles qui lui sont propres ? Est ce qu'elles vont dans le même sens que ce que cherchent les humains ?

Si on remonte le temps, le cheval est un herbivore qui parcourt les plaines à la recherche de points d'eau pour boire, et de prairies pour se nourrir. Il est capable de parcourir de longues distances en troupeau   (pour sa protection) pour assurer son existence. Dans la nature, il saute rarement et préfère contourner les obstacles, il fuit au moindre bruit qui lui rappelle un danger, il est un animal de proie, son allure de prédilection est le pas, il utilise très rarement le trot, ne se déplace pas de coté sauf dans les combats entre étalons, il piaffe et passage pour impressionner, et le galop est son allure de fuite. Il saute néanmoins quand il ne peut pas faire autrement face à un obstacle (fossé, barrière) qu'il ne peut contourner. Il rue, se cabre pour éloigner un ennemi. Son meilleur moyen de survie reste la fuite au galop. Voilà de façon très généraliste la vie d'un cheval sauvage.

Depuis que nous avons pris en main l'avenir du cheval pour qu'il nous aide à cultiver les champs, gagner des guerres, transporter les gens et les denrées, nourrir le peuple, puis remporter des compétitions sportives, qu'est ce qu'a gagné le cheval de plus que le toit et la nourriture, les soins vétérinaires ? Se peut-il qu'un cheval se rende compte qu'il gagne un concours ?
Idanum au pré, pas de cavalier,
pas d'obligation de faire quoi que ce soit
sauf ce qu'elle veut

Quand je lâchais ma jument pour la regarder dans son pré, je ne voyais qu'un cheval heureux d'être en "liberté" certes contrôlée, même si comparée aux autres, elle ne partait pas la queue en panache et plein galop à peine lâchée.  Il lui arrivait même de revenir me chercher à la porte ! Jument atypique qui au début ne voulait pas trop aller dans la carrière, mais capable de faire des figures de grand prix au cours d'une balade sans qu'on lui demande, elle avait vraiment le profil du cheval qu'on adore même quand elle refuse l'obstacle parce que le cavalier n'est pas à sa place dans la selle. Même si j'ai mis longtemps à comprendre ses agissements et sa façon de réagir, j'avoue qu'en repensant maintenant je comprends mieux comment elle fonctionne. Mais je me pose toujours le pourquoi elle n'était pas comme les autres équidés ?

Les derniers évènements que j'ai lu dans la presse m'ont interpellé : sur un concours, un cheval s'est effondré de façon très bizarre, les circonstances appellent à la prudence et encore sur une endurance 2 chevaux ont quitté la terre pour le paradis des chevaux. Que se passe t'il réellement et comment se fait-il que le cheval, animal plutôt prompt à fuir face au danger s'est-il retrouvé poussé à l'extrême et à sa fin ?

A t'il trop donné sa confiance à l'être humain au point d'en dépendre sans se méfier ? L'a t'on rendu si dépendant qu'il n'a plus ses réflexes de prudence envers l'homme ( qui est tout de même un prédateur ne l'oublions pas ) ?

Certaines vidéos m'ont d'ailleurs fait sourire : je vois souvent des chiens avec des chevaux sans que ces derniers n'aient bronché, ou tenté de fuir. Bizarrement ma jument elle, n'aimait pas les chiens : sujette aux coups de pieds de mule envers quiconque s'approchait de trop près ou ne gardait pas ses distances, elle ne tolérait que l'humain derrière ses fesses. Et pas n'importe lequel, il lui fallait apprendre à le connaitre. Elle aurait donc volontiers cartonné un chien qui venait de trop près. J'avais prévenu les gens, je ne voulais pas être tenue pour responsable.

De même que je surveillais  de près son comportement, je regardais toujours l'état de son boxe, les éventuelles blessures, l’œil, les crottins...  J'ai beaucoup appris dans les livres et sur le tas en regardant les chevaux, je n'ai jamais été une surdouée en selle, je me débrouille. Mais j'arrivais toujours à déterminer si un cheval n'avait pas un comportement normal en le regardant par rapport à d'habitude.

Les chevaux ont toujours des signaux pour avertir quand ça ne va pas. Mais alors comment peux t'on imaginer que les professionnels qui travaillent à coté d'eux passent à coté de certains problèmes et que cela cause des soucis ?

Car la complicité c'est aussi nous qui devons la créer en étant proche de notre cheval et pas seulement en allant le monter et le travailler dans une carrière. Comment en effet penser que passer seulement 1 h 30 avec son cheval pour le monter, suffit à créer un lien qui permette de capter l'attention et sentir si quelque chose est différent ? Le bon vouloir du cheval qui passe de mains en mains est certes obligatoire pour le cheval de club, mais il faut bien qu'il y ait un sentiment puissant qui unisse l'homme et l'animal, or on a pu se rendre compte qu'avec le cheval, ce n'était pas toujours aussi rose passant parfois pour un faire-valoir. Cependant le cheval accepte cet état de fait avec un stoïcisme qui m'a toujours laissé un arrière goût étrange dans la bouche.


Comment le cheval peut-il accepter parfois certains états de fait là ou d'autres espèces se rebelleraient ?

Au final, cette complicité ne coûte t'elle pas au cheval plus que ce qu'elle coûte à l'humain qui lui prodigue les soins ?

Certaines personnes qui ont essayé d'autres disciplines non montées disent qu'elles ne veulent plus monter à cheval depuis car elles ont trouvé leur équilibre dans cette façon d'être avec le cheval, et il semble que ce dernier y soit gagnant sur tous les points. C'est peut-être la discipline qui en effet permet la meilleure communication avec le cheval sans aucune contrainte pour les 2 êtres en présence. 

Peut-être qu'au final contrairement à ce que je pensais dans un autre article, le cheval aura plus à gagner avec l'équitation éthologique et la fin de la monte telle que nous la connaissons.
En club

Mais ça ne m'empêche pas de penser qu'au final si le cheval a gagné la facilité pour la nourriture, la sécurité d'un boxe, l'accès au soin d'un vétérinaire, il a perdu de son coté mystique, se voit contraint dans certaines de ses fonctions, et n'a plus qu'une vocation sportive et pécuniaire pour certains, de loisir et de passion pour d'autres. On peut demander à n'importe quelle personne qui est proche des chevaux d'une façon ou d'une autre, ce qui l'attire, il répondra toujours la passion, c'est un fait, mais le fait qu'on ne se soit jamais posé la question ultime de savoir et d'être sûr que le cheval a accepté d'être notre serviteur de son plein gré en perdant certaines de ses facultés naturelles, devrait nous inciter à être beaucoup plus rigoureux vis à vis de l'utilisation qu'on en fait pour qu'il ne devienne pas une espèce en voie de disparition comme le pensent certains spécialistes.
Petite réflexion à part : on pourrait facilement penser de même pour les animaux au sens général du terme (chiens, chats, nacs, animaux sauvages  des zoos ou des cirques) à qui on a jamais "tenté de demander d'une façon ou d'une autre le consentement" ?




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